Voir, est-ce savoir ?

Publié le par María

DSCF9541En voilà une bonne question...

Je ne sais pas trop en fait... La Philo j'aime beaucoup mais ce n'est pas non plus ma tasse de thé donc vous exposer ce que j'ai gribouillé pendant 4 heures hier sur la question risquerait de vous mener sur des voies plus qu'hasardeuses.


Mais quand même, quelque chose de court qui résume un peu ce que j'ai fait... très discutable cela va de soi !! ... [en partant du présupposé que tous les êtres humains ont la capacité de voir (je sais, c'est restrictif et faux de surcroît), et par extension, que la vue est un sens donc que l'on peut parler de la vue un peu au même titre que tous les autres sens.]





En fait, parfois, ce que l'on voit peut nous apprendre beaucoup, au même titre que le simple usage de nos sens peuvent nous permettre de constituer un savoir (si je mets ma main dans le feu [mais si, tout le monde fait ça...]), je vais apprendre que le feu brûle etc. Là c'est une vision empirique de la connaissance. Les empiristes (cf Hume, Locke) pensaient que tout savoir résidait dans l'expérience sensible : "Comment [l'esprit] en vient-il à recevoir des idées [...] ? D'où puise-t-il tous les matériaux qui sont comme le fond de tous nos raisonnements et de toutes nos connaissances ? A cela je réponds d'un mot : de l'expérience." (
Essai sur l'entendement humain, Locke) Pour être claire, pour eux, la base de tout, c'est les sens, la pensée n'est pas illimitée et pour qu'il y ait une idée (en gros, une pensée), il faut qu'il y ait une impression, c'est-à-dire une sensation. Et donc par rapport à la vue, on peut considérer que les faits parlent d'eux-mêmes, que le monde extérieur s'offre à nous de manière limpide et donc là, on peut dire que voir, c'est savoir.

Là, il y a deux souci qui arrivent. Le premier, c'est qu'on ne peut pas tout voir. Il y a toujours une partie des choses qui se dérobe à nos yeux, qu'il est impossible de saisir par la vue (Husserl dit que l'expérience est quelque chose qui se fait peu à peu et qu'il y a une ouverture perpétuelle vers un possible, une possibilité d'élargissement permanente). Et donc face à cette impossibilité, quoi ? Et bien si on ne peut pas tout voir, on ne peut pas tout savoir, il y a forcément des choses qu'on ne pourra jamais connaître, on touche là aux limites de l'humain...

En plus, deuxième souci, c'est qu'il arrive bien souvent que nos sens nous trompent... Euh... par exemple, quand vous roulez en voiture en plein été et que vous avez l'impression de voir de l'eau sur cette route... et bien il n'en est rien (noooon ?!! mais quelle découverte ?!!! c'est fou ce que je me sens passionnante parfois... hum), ce n'est qu'une illusion et, en ce sens, l'usage de la vue ne nous révèle pas ce qui est dans les faits. D'ailleurs, dans ces cas là, on dira "j'ai cru voir"... et croire, ce n'est pas savoir ! Regardez, si vous pensez à Galilée, il a bien montré que la simple observation de la nature ne suffit pas à établir des lois. Si on se contente de ça, on en conclut que le soleil tourne autour de la Terre, oui oui, à le voir se lever le matin et se coucher le soir, pas au même endroit, ça ne peut être que lui qui bouge à en croire nos sens ! ... et bien non.
Et donc ça nous mène à une autre philosophie, la philosophie idéaliste... Celle de Descartes ou Platon pour qui l'accès à la vérité, au savoir, c'est l'affranchissement du monde sensible. Les principes de la connaissance ne vient pas de l'expérience comme chez les empiristes. Dans Dioptrique, Descartes dit que "c'est l'âme qui voit et non pas l'oeil", en fait, ça veut dire que toute image du monde extérieur serait trompeuse si elle n'était pas reconstruite par la raison. En gros (c'est encore un exemple de Descartes), si vous regardez par la fenêtre d'un immeuble et que vous vous penchez, vous allez voir ce que vous pensez être des hommes... mais en réalité, vous ne voyez que des manteaux et des chapeaux, c'est votre raison qui vous pousse à dire que ce sont des hommes. Et dans ce cas, il faudrait peut-être renverser la phrase initiale et se dire que savoir c'est voir...

Le problème, c'est que cette possibilité semble peu satisfaisante... Parce que la vue est le sens que l'on sollicite certainement le plus et donc mettre de côté son utilité dans le domaine du savoir, c'est un peu frustrant peut-être... Non ? Donc je me suis dit que peut-être que la seule manière pour que voir ce soit savoir, c'est d'être actif de ce que l'on voit. Oulala, il faut que je sois claire sinon je vais vous perdre ! En fait, simplement voir, c'est presque être passif : voir c'est simplement recevoir ce que le monde veut bien montrer de lui, c'est comme considérer les choses en A4... Par contre, regarder, là c'est plus intéressant déjà... si mettre les choses en relief pour qu'on porte sur elles une attention particulière, parce qu'on veut aller plus loin que le "voir", parce qu'on est actif : on décide de ce qu'on regarde, d'où on regarde, comment on regarde, on interroge ce que l'on voit.

Donc finalement, s'il est peut-être difficile de dire que voir c'est savoir, on pourrait éventuellement dire que regarder c'est savoir. Parce que regarder, c'est aussi interpréter ce que l'on voit, ne pas en rester à l'expérience sensible brute... Ça rejoint un petit peu la philosophie de Kant qui disait que toute connaissance ne repose pas sur l'expérience, qu'il doit y avoir des principes a priori de la connaissance et donc que c'est l'observateur qui doit imposer ses lois à la nature, qui doit la faire parler. Ce n'est pas la nature qui doit s'exprimer mais nous qui devons l'interroger sur certaines choses...




... Euh... vous n'avez rien compris ? C'est ça ? Je ne suis pas claire du tout du tout ? Aïe aïe aïe... je suis désolée... Mais c'est Flo qui voulaiiiiit ! (ou comment s'enlever toute culpabilité face à ce massacre pseudo philosophique et tous les gens qui passent par là endormis devant leurs écrans)

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N
<br /> houla encore plein de lettres qui manquent !!! clic trop rapide sans reire !<br /> <br /> <br />
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N
<br /> oh que c'est loin tout ça pour moi !<br /> Il me reste Platon et le mythe de a caverne . ils voient des ombres et pensent voir le monde donc voir n'est pas savoir( ?)<br /> En revanche parfois les sens nous trompent: en avion mon mari diait que parfois les sensations son trompeuses et qu'ils doivent se fier uniquement à ce que disent les instruments dans ce cas voir<br /> c'est savoir (?)<br /> bah je ne sais pas si tout ça est pertinent et si ça va t'aider !!!mais le sujet est intéressant !!!<br /> bon courage pour le travail !!!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Pour être tout à fait objective (mais si!) je trouve que c'est très très clair et tout à fait juste. En plus, tu argumentes en illustrant d'exemples bien précis, de citations, de preuves et ça, ça<br /> sent (sens très fiable chez moi!) la bonne note!! j'ai retrouvé mes cours de philo et je vais m'y replonger.<br /> <br /> <br />
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